L’historien Tacite [55-120] le peintre Giordano [1634-1705] racontent la mort de Sénèque en 65 après J.C.

Publié le par Maltern

L’historien Tacite [55-120]  le peintre Giordano [1634-1705] racontent la mort de Sénèque en 65 après J.C.

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Luca Giordano (1634-1705) : vit et travaille à Naples, surnommé il « Fapresto » car il est rapide, signe environ 5000 toiles, réside à Madrid de 1692 à 1700, protégé par Charles II
 

 

 

L’historien Tacite (55-120) raconte sa mort dans ses Annales. Le tribun de la garde prétorienne lui annonce que Néron, dont il avait été le précepteur, lui ordonne de se suicider, prenant pour prétexte la conjuration de Pison. Sénèque soupait avec sa femme et deux amis.

 

 

 

« Lui, sans se troubler réclame les tablettes de son testament ; et devant l’opposition du centurion, se tournant vers ses amis, il les prend à témoin, puisqu’on lui interdisait de reconnaître leurs services, qu’il leur laisse le seul bien qui lui reste et néanmoins le plus beau, l’image de sa vie ; s’ils en gardaient le souvenir, leur inaltérable amitié y trouverait satisfaction dans le renom de vertu. En même temps, devant leurs larmes, tantôt sur le ton de la conversation, tantôt avec plus de sévérité, à la manière d’un censeur, il les rappelle à la fermeté, leur demandant avec instance où étaient les préceptes de sagesse où était la pensée méditée pendant tant d’années pour faire face à l’adversité. En effet, à qui la cruauté de Néron était-elle inconnue ? Il ne lui restait rien d’autre à ajouter, après le meurtre de sa mère et de son frère que la mort de celui qui l’avait éduqué et instruit.

 

Après ces recommandations et d’autres semblables qui pouvaient s’adresser à tous, il embrasse sa femme et un peu attendri en dépit de sa force d’âme présente, il prie et supplie sa femme de tempérer sa douleur, de ne pas l’entretenir éternellement, mais de trouver dans la contemplation d’une vie vouée à la vertu de nobles consolations à la privation d’un mari. Elle, au contraire, affirme qu’il lui faut aussi mourir et elle réclame une main pour en finir. Alors Sénèque ne voulant pas être contraire à la gloire de son épouse et aussi par amour afin de ne pas abandonner aux outrages celle qu’il chérissait par-dessus tout : « Je t’avais montré, lui dit-il, les douceurs de la vie ; toi, tu préfères la gloire de la mort ; je ne serai pas jaloux du mérite d’un tel exemple. Qu’une égale fermeté caractérise pour nous deux un trépas aussi courageux et qu’un éclat supérieur embellisse ta fin ! »

 

Après cela, du même coup, ils s’ouvrent avec le fer les veines du bras. Sénèque, devant le lent écoulement du sang qui affectait son corps sénile et affaibli par les privations, se rompt aussi les veines des jambes et des jarrets ; épuisé par de cruelles tortures, ayant peur de briser par sa souffrance le courage de son épouse et lui-même, en voyant les tourments de sa femme de s’abandonner à la faiblesse, il la persuade de se retirer dans une autre chambre. Et, même au moment fatal, gardant toute la maîtrise de son éloquence, il appela ses secrétaires et leur livra longuement ses réflexions. […] »

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