Hegel GWF [14] Le grand homme doit se juger à l’aune de l’histoire et non à celle des vertus privées du moraliste. Tribunal de l’histoire et tribunal de la morale.

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Hegel GWF [14]  Le grand homme doit se juger à l’aune de l’histoire et non à celle des vertus privées du moraliste. Tribunal de l’histoire et tribunal de la morale.

 

 

« Mais ce que la fin ultime, existant en soi et pour soi de l’Esprit requiert et accom­plit, ce que fait la Providence, se trouve au des­sus des obligations, des estimations et des prétentions dont relèvent les individus, du point de vue de leur éthique. Ceux qui ont résisté, par conviction éthique et donc par noblesse morale, à ce que le pro­grès de l’Idée, de l’Esprit rendait nécessaire, se situent du point de vue de la valeur morale, plus haut que ceux dont les crimes sont conver­tis, dans un ordre supérieur, en moyens d’exé­cution de la vo­lonté de cet ordre supérieur, mais dans les bouleversements de ce genre, les deux partis se situant généralement dans un monde en ruine ; il en ré­sulte que le droit défendu par ceux qui se considèrent comme légalement justi­fiés, n’est qu’un droit formel, abandonné par l’esprit vivant et par Dieu. Les actions des grands hommes qui sont des individus, appartenant à l’histoire universelle, parais­sent ainsi justifiées, non seulement en raison de leur inconsciente signification inté­rieure, mais aussi du point de vue du monde. Ce point de vue implique d’ailleurs que les milieux moralisants n’ont aucun droit de poser des exigen­ces à l’encontre des gran­des actions historiques et de leurs auteurs, car ceux-ci n’y appartiennent pas. La li­tanie des vertus pri­vées, modestie, humilité, amour du prochain, bienfaisance, ne doit pas leur être opposée. Du reste l’histoire universelle pourrait entièrement négliger la sphère ou se situe la moralité, et l’opposition, - dont on a si souvent et faussement parlé entre la morale et la poli­tique : et cela non seulement parce que l’histoire devrait s’abstenir de tout jugement, - ses principes et le néces­saire rap­port des actions à ceux-ci sont déjà en soi le jugement,- mais parce que les individus en tant que tels n’entrent pas dans son jeu et qu’elle peut donc les passer entièrement sous silence. En effet, ce qu’elle doit raconter ce sont les actes de l’Esprit des peuples. »

[Hegel, La Raison dans l’Histoire, 10/18 p. 201]

Publié dans 13 - L'histoire - L ES

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