Nietzsche Friedrich [11] Le travail une nécessité un moyen de discipliner les peuples ? (Au.)
Nietzsche Friedrich [11] Le travail une nécessité un moyen de discipliner les peuples ? (Au.)
« Dans la glorification du « travail », dans les infatigables discours sur la « bénédiction du travail », je vois la même arrière‑pensée que dans les louanges adressées aux actes impersonnels et utiles à tous : à savoir la peur de tout ce qui est individuel. Au fond, on sent aujourd’hui, à la vue du travail ‑ on vise toujours sous ce nom le dur labeur du matin au soir ‑, qu’un tel travail constitue la meilleure des polices, qu’il tient chacun en bride et s’entend à entraver puissamment le développement de la raison, des désirs, du goût de l’indépendance. Car il consume une extraordinaire quantité de forces nerveuse et la soustrait à la réflexion, à la méditation, à la rêverie, aux soucis, à l’amour et à la haine, il présente constamment à la vue un but mesquin et assure des satisfactions faciles et régulières. Ainsi une société où l’on travaille dur en permanence aura davantage de sécurité : et l’on adore aujourd’hui la sécurité comme la divinité suprême. »
[Nietzsche, Aurore, 1881, trad. J. Hervier, Gallimard.]