Freud [22] Le « surmoi » instance répressive inconsciente.

Publié le par Maltern

Freud [22] Le « surmoi » instance répressive inconsciente.

Intériorisation des impératifs parentaux il est à l’origine des renoncements au plaisir, de la fierté liée au sacrifice. « Conscience morale » (?) … inconsciente de ses mobiles réels.

 

[Le « ça » est l’instance des pulsions innées agressives ou sexuelles, - thanatos/Eros -, et des désirs refoulés. Le « Moi » qui nous adapte à la réalité extérieure, - soumis au principe de réalité, - entre en conflit avec une troisième instance de l’appareil psychique, le « Surmoi » répressif, qui se constitue lors de la crise Oedipienne par intériorisation des impératifs parentaux. Freud y voit l’origine de la conscience morale et du sens du devoir.]

 

« Quand le ça tente d’imposer à un être humain quelque exigence pulsionnelle d’ordre érotique ou agressif, la réaction la plus simple, la plus naturelle du moi, maître des systèmes cogitatif et musculaire, est de satisfaire par un acte cette exigence. Cette satisfaction instinctuelle, le moi la ressent comme un plaisir, tandis que l’insatisfaction aurait provoqué, pour lui, du déplaisir. Toutefois il peut arriver que le moi, du fait de quelque obstacle extérieur, par exemple s’il s’aperçoit que l’acte en question entraînerait un grave danger, renonce à cette satisfaction. Le renoncement à une satisfaction, à une pulsion, par suite d’obstacles extérieurs, par obéissance, comme nous disons, au principe de réalité[1], n’est jamais agréable. Il provoquerait une tension et un déplaisir durables s’il ne se produisait, en même temps, grâce à un déplacement d’énergie, une diminution de la force pulsionnelle elle‑même. Mais il peut arriver que le renoncement se produise pour des motifs que nous pouvons à juste titre qualifier d’intérieurs. Au cours de l’évolution individuelle, une partie des forces inhibitrices du monde extérieur se trouve intériorisée, il se crée dans le moi une instance, qui, s’opposant à l’autre, observe, critique et interdit. C’est cette instance que nous appelons le « surmoi ». Dès lors, le moi, avant de satisfaire les instincts, se trouve obligé de tenir compte non seulement des dangers extérieurs, mais encore des exigences du surmoi et il aura ainsi d’autant plus de motifs de renoncer à une satisfaction. Mais alors que le renoncement dû à des raisons extérieures ne provoque que du déplaisir, le renoncement provoqué par des raisons intérieures, par obéissance aux exigences du surmoi, a un effet économique différent. A côté d’un déplaisir inévitable, il assure aussi un gain en plaisir, une sorte de satisfaction compensatoire. Le moi se sent exalté et considère comme un acte méritoire son renoncement à la pulsion. Nous croyons avoir compris le fonctionnement de ce mécanisme : le surmoi est le suc­cesseur et le représentant des parents [et des éducateurs] qui, pendant les premières années de l’individu, ont surveillé ses faits et gestes. Le surmoi continue, sans y presque rien changer, à remplir les fonctions de ces parents et éducateurs, ne cessant de tenir le moi en tutelle et d’exercer sur lui une pression constante. Comme dans l’enfance, le moi reste sou­cieux de ne pas perdre l’amour de ce maître dont l’estime provoque en lui un soulagement et une satisfaction, et les reproches, un remords. Quand le moi a fait au surmoi le sacrifice de quelque satisfaction instinc­tuelle, il en attend, en retour, un surcroît d’amour. Le sentiment d’avoir mérité cet amour se transforme en fierté. A une époque ou l’autorité ne s’était pas encore intériorisée et muée en surmoi, la relation entre la crainte de n’être plus aimé et l’exigence pulsionnelle devait avoir été la même. Un sentiment de sécurité et de satisfaction naissait chaque fois que, par amour filial, l’être renonçait à quelque satisfaction instinc­tuelle. Ce bon sentiment ne pouvait avoir acquis son caractère narcissique particulier qu’une fois l’autorité intégrée elle‑même dans le moi. »

[Freud, Moïse et le Monothéisme, 1939, Idées, 1967, trad. Berman, pp. 156‑157]

 



 

[1] Ce “ principe de réalité ” qui règle le fonctionnement de l’appareil psychique avec son opposé, le “ principe de plaisir ” manifeste la tendance de l’individu à s’ajuster à la réalité pour satisfaire les besoins de l’organisme et des pulsions sexuelles ou agressives. Pour satisfaire la pulsion il “ diffère ” dans le temps sa satisfaction.

Publié dans 04- L'inconscient

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